A89 : le viaduc du Torranchin bientôt ouvert à la circulation (article paru dans Le Progrès)

196 mètres de long sur 25 mètres de haut, le viaduc du Torranchin surplombe le village de Pontcharra. Les tests effectués hier matin permettent son ouverture dès la fin de semaine prochaine

C’est un drôle de ballet qu’ont vu défiler les habitants de Pontcharra hier matin. Entre 7h15 et 9h30, près de 17 camions sont montés sur le viaduc du Torranchin. Une grande première pour l’ouvrage de 25 mètres de haut qui n’avait jusque-là supporté qu’un ou deux véhicules. Pendant toute la matinée, une vingtaine d’hommes, chauffeurs, ingénieurs et techniciens ont travaillé ensemble pour calculer la résistance à la charge du viaduc. « Ces tests servent uniquement à valider la réalisation de l’ouvrage », assure Benoît Claron.

L’installation du matériel de mesure et les marquages au sol ont été réalisés jeudi dans la journée. Un travail fastidieux et long qui demande une grande organisation. Il s’agit de respecter le plan de placement des camions établi par le bureau d’étude et de fixer les fleximètres aux poutres métalliques. Six fils lestés d’un poids de quinze kilos ont ainsi été installés de part et d’autre de l’ouvrage sur toute sa longueur et sa hauteur. « Les mesures se font à des points très précis : au niveau des deux appuis, les pieds du viaduc, et des trois travées, les espaces de route sans soutien », explique Jonathan Barbut de BOAS, la société responsable des tests. « Avec les camions, les variations entre la réalité et les pronostics devraient être d’environ trois centimètres », explique Benoît Claron, responsable du chantier.

Dès 8h30, une rangée de quatre premiers camions s’est donc lentement élancée sur les 196 mètres de piste goudronnée. Arrêtés à des points précis le long du viaduc, les poids lourds ont eu pour mission de stabiliser les appuis avant de repartir en bord de piste. « C’est quand il n’y a plus aucune charge que nous prenons nos mesures de référence, nous recalculons avec l’arrivée des camions puis nous comparons avec les variations données par le bureau d’étude », confie Jonathan Barbut. Installé sous le viaduc, il travaille à partir des données transmises par les fleximètres à son ordinateur. « Ce système électronique nous permet d’avoir les réactions au centième de millimètres près ».

Au-dessus de lui, le ballet des poids lourds se met en place. Réservés pour l’occasion dans les départements du Rhône et de la Loire, les camions ont été chargés de terre et de gravats pour peser 26 tonnes. « C’est un poids particulier calculé en fonction de l’ouvrage, de sa longueur, de sa construction et des véhicules qu’il accueillera », explique Johan Schahl, responsable de la gestion qualité environnement et sécurité chez Eiffage. Dirigés par un technicien chargé de les placer à des points précis, les chauffeurs forment quatre rangées de quatre camions. Ces seize véhicules seront arrêtés au milieu des trois travées puis au niveau des appuis avant de s’élancer pour des essais dynamiques. Des longues heures de travail qui occuperont toute la matinée. C’est vers midi en effet que sont tombés les derniers résultats, qui sont, comme les précédents, conformes aux attentes.

Dès la semaine prochaine et la fin des travaux, ce sont des camions de terrassement de l’A89 qui le traverseront avec comme objectif : tracer l’autoroute qui reliera Balbigny à La-Tour-De-Salvagny sans faire de détours pas les villages.


Coraline Salvoch

Une entreprise de Pontcharra au cœur du chantier du viaduc

L’A89, ça nous a avant tout apportés du travail! », assure Bernard, patron de la SARL Montvernay, une entreprise de travaux publics basée à Pontcharra. Surtout sollicité pour des travaux chez des particuliers, le viaduc du Torranchin a apporté une autre envergure à son entreprise.

« Nous travaillons dessus depuis le début des travaux », explique-t-il. Et pas peu fier, il ajoute « nous sommes d’ailleurs les seuls à être du coin. » Ce matin, il a amené deux camions, «un que je conduis et un de remplacement au cas où. » Et c’est au rythme des recommandations et des tests de résistance à la charge qu’il déplace son véhicule chargé à vingt-six tonnes. Un travail plutôt compliqué puisqu’au milieu de matinée, avant les mesures à seize camions, lui et trois de ses collègues ont parcouru le viaduc sur toute la longueur en marche arrière…

Mais son travail ne s’arrête pas là. « Nous avons construit un chemin piétonnier qui permet d’accéder directement sous le viaduc sans avoir à faire de détour ou traverser la route. » Un chemin utile pour lui et son fils qui ont des engins sous l’ouvrage. Et d’ailleurs tandis que le père circule sur la piste goudronnée du viaduc, le fils terrasse les pieds du géant de fer et de béton à l’aide d’une chargeuse. Le viaduc du Torranchin, une affaire de famille.

Coraline Salvoch

Il teste la résistance  des viaducs de l’A89

Tester la résistance à la charge d’un pont ou d’un viaduc, un passage obligatoire dans les travaux publics. Il s’agit avant tout de vérifier si les ouvrages sont conformes aux plans de construction et de réalisation établis par les bureaux d’étude. Dans le canton de Tarare et dans le cadre du chantier de l’A89, deux ouvrages ont déjà été testés : le pont-rail de Pontcharra et le viaduc du Torranchin. Pour mener à bien ces deux études : des équipes et des méthodes quasiment identiques. Benoît Claron, responsable de chantier chez Eiffage et Jonathan Barbut, responsable des tests chez BOAS, ont travaillé ensemble sur les deux ouvrages. « Les essais à charge sont statiques puis dynamiques », expliquent-ils. Une précaution qui permet de mieux appréhender le comportement du pont-rail comme du viaduc en condition réelle. « Nous ne réalisons pas nous-mêmes les études, assure Benoît Claron, nous payons des entreprises chargées de faire les mesures pour nous et de transmettre les résultats. » BOAS a ainsi obtenu les marchés pour le pont-rail de Pontcharra, le viaduc du Torranchin, de Brevenne à Fleurieux et de Goutte-Vignoble à Tarare. « Pour ce viaduc je vais envoyer un rapport très détaillé à Eiffage qui le diffusera ensuite à ASF, le détail des résultats sert de justification à l’ouverture du viaduc », explique Jonathan Barbut. Le prix des missions varie en fonction de l’ouvrage, pour Torranchin, l’entreprise a gagné 4000 euros. Et à Pontcharra, la mission a été quelque peu périlleuse. Jeudi après-midi, c’est donc à bord d’une nacelle rattachée à un camion stationné sur le viaduc, que les fils ont été tendus sur 25 mètres de hauteur du sol au viaduc afin de compléter l’installation des fleximètres. « Nous avons très rarement de mauvaises surprises, surtout sur ce type d’ouvrage », rassure-t-il. Une bonne nouvelle quand on sait que le tronçon de l’89 entre La-Tour-De-Salvagny et Balbigny comporte sept viaducs.

Coraline Salvoch

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